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Le FLAS
3 mars 2007

Titre II du "Contre-Pacte Présidentiel"

Titre 2 : « Présidente du pouvoir d’achat garanti »

            L’idée même d’un pouvoir d’achat « garanti » est intéressante. Quoi de plus confortable que d’imaginer un Etat omnipotent et tutélaire qui aurait a loisir de gérer le bien être et le bonheur de sa population ! Le pouvoir d’achat est fonction de la richesse de la population. Le garantir de la même manière que l’on contrôlait le prix du pain par la loi du maximum sous la terreur ne revient de fait qu’a se jeter de la poudre aux yeux et a offrir l’illusion de la richesse a la population sans lutter contre les causes réelles de la faiblesse du pouvoir d’achat.

            D’après madame Royale, les causes de cet état de fait à l’origine du malaise social qui ronge le pays est du a des causes diverses. Elle incrimine l’introduction de l’euro ce qui témoigne soit d’un opportunisme politique de grande classe soit d’un euro scepticisme primaire ou encore d’un manque flagrant de maîtrise de la question européenne mais après tout il est toujours bien aisé de taper sur la banque centrale. La deuxième de ces causes est selon elle l’augmentation de la fiscalité locale. Accusation bien maladroite lorsque l’on prône dans la page précédente l’approfondissement de la décentralisation et par conséquent l’augmentation des impôts locaux. Le problème de l’énergie reste en revanche une cause fondamentale de la vie chère et la candidate a raison de préciser ce point que personne encore n’avait remarqué. Elle pointe pour finir le manque de concurrence qui empêcherait un ajustement des prix par le bas. Le fait est que ces considérations générales sur la concurrence ne peuvent être recevable que si elles s’inscrive dans une analyse sectorielle mais faute de précision on peut d’emblée relever la critique faites aux entreprises, comme si les cartels et les ententes oligopolistiques étaient généralisées a toute une économie orchestrée par un groupe de grandes multinationales prenant un plaisir malsain à ecraser la population.

            Madame Royal met l’accent sur la question du logement qui a récemment été portée à l’agenda par la pression associative. Cette question est d’emblée considérée comme relevant de la culpabilité cumulée des propriétaires qui louent trop chers (d’où l’idée d’un service public de la caution), et des maires qui n’appliqueraient pas la Loi SRU.

            La candidate socialiste met ensuite en relief  le problème du surendettement qui touche prés de 11000 familles aujourd’hui. Les fautifs désignés sont les organismes de crédits et les banques via l’usage de la publicité. On ne prend donc pas en compte la responsabilité même des personnes dans le fait que si de tels organismes existent c’est d’abord du fait d’une demande de crédit avant d’être le simple fait de la publicité. Cette question s’avère donc être plus symptomatique qu’explicative du manque de pouvoir d’achat.

            Aussi, la cause principale de la faiblesse du pouvoir d’achat est pour le PS la stagnation des salaires. Cela implique donc d’après ce programme une implication accrue de l’Etat. Or on semble oublier que l’augmentation ou non des salaires dépendent de la répartition de la valeur ajoutée au sein des entreprises. Donc plutôt que d’inciter les entreprises à une répartition plus équitable dans la rémunération du capital et du travail, la candidate préfère pointer les heures supplémentaires du doigt. Elle contribue à dresser par le biais de l’intervention de l’Etat, les salariés contre l’entreprise en vue d’une garantie artificielle du pouvoir d’achat.

            La question des retraites est elle aussi abordée mais de manière assez superficielle dans la mesure ou bien que madame Royal pose l’augmentation des petites retraites comme une priorité, elle ne se prononce pas sur le financement d’une telle réforme qui impliquerait si elle se tient a son engagement vis-à-vis de la dette a prolonger la reforme Fillon , réforme menacée d’abrogation par le PS s’il arrive au pouvoir.

            Les enjeux sont donc clairs pour le parti socialiste, la garanti par l’Etat du pouvoir d’achat doit contribuer a lutter contre la vie chère (lapalissade), a remédier a la stagnation des salaires, a élargir le champs des prestations sociales et enfin a garantir l’accès au logement pour tous.

            Elle met donc en avant 7 propositions en vue de la définition d’une politique de garantie du pouvoir d’achat :

            7-Augmenter les salaires

            Porter le SMIC à 15OO euros fait partie des propositions phares du projet socialiste. A l’initiative de Laurent Fabius, ce projet, derrière sa générosité ne semble pas prendre en compte ni la nature de la définition du salaire au sein de l’entreprise, ni l’impact économique d’un revenu minimum trop élevé. Le niveau des salaires appartient aux modalités de partage de la valeur ajoutée au sein des entreprises. Bien que depuis les années 1990, ce partage soit réalisé au profit des entreprises, il ne faut pas oublier que c’est là la clé de la capacité d’une entreprise à investir. Une augmentation du niveau du SMIC a hauteur de 1500 euros coûterait  prés de 3 milliards d’euros à l’Etat. Cela reviendrait d’après l’économiste Jean Arthuis à augmenter le coût du travail de 25%.

            L’impact économique est double. Il s’agit d’abord d’une inflation par les coûts. En augmentant le prix horaire du travail plus rapidement que la croissance des gains de productivité, on augmente artificiellement les coûts de productions. Les entreprises sont donc moins incités a embaucher et si elles embauchent ce sera au détriment des personnes les moins qualifiées. On risque donc a terme de réduire l’activité et la création d’emplois. La seconde conséquence se traduit par une possible inflation de la demande. Déjà bien connue de Keynes, le plan du PS consiste en une relance de l’économie via la consommation des ménages. On ne prend donc pas en compte le fait, qu’outre la fuite par l’épargne qui limite le multiplicateur keynésien, la demande des ménages est volatile et peut ne pas coïncider avec le marché national. Aussi, il est certain que si comme en 1981, les ménages se jettent sur les produits étrangers, le profit économique sera nul pour la France. Une telle augmentation est donc un non sens économique tant son coût économique serait lourd.

            Le projet d’une conférence nationale n’est pas en soi une mauvaise idée. Encore aurait-il fallu décrire cette idée plus en profondeur. En effet, une telle conférence n’a d’insert que si elle s’adresse aux branches, aux secteurs particuliers de l’économie. Quoi de commun entre une « industrie automobile languissante et une industrie pétrolière qui ne sait même plus quoi faire de son argent » d’après Jean Arthuis ? Qu’en sera-t-il du mode d’organisation ou même des mesures qui y seront prises ? On oscille entre la simple conférence réflexive et l’exhibition syndicale (MEDEF compris).

            L’imposition unilatérale d’une augmentation des salaires ne résoudra pas le fond du problème. Si les salaires stagnent c’est que les entreprises n’ont pas confiance. Chercher à les pénaliser d’avantage en les rendant responsable de ce triste état de fait ne reviendrait qu’à creuser notre propre tombe.

              8-Revaloriser les petites retraites et les allocations aux personnes handicapées

            La candidate pose comme première priorité à une nouvelle réforme des retraites la revalorisation a hauteur de 5% des « petites retraites » soit celles des agriculteurs, des artisans, des veuves et plus généralement de tous ceux qui subsistent avec le seul minimum vieillesse. Dans une France ou la population vieillit, la première des priorités ne serait elle pas plutôt de trouver les ressources financières suffisantes en vue de sauvegarder un régime viable de retraite ? Faudra t’il réformer les régimes spéciaux des retraites afin de les porter a la même durée que les retraites du privée ? Faudra t’il encore prolonger la durée de cotisation ? Où allons nous faire porter le financement de la retraite sur la dette ?

            On pourra porter la même critique à l’egard de la neuvième proposition. Il est tout a fait louable de vouloir augmenter de 5% les allocations relatives aux personnes handicapées, la seule question est celle du comment ? Quels fonds ? Comment financer une telle allocation ?

10-Doubler les allocations de rentrée

            Le coût des études augmente d’année en année et se fait de plus en plus pressant tout au long de la scolarité. Il s’agit là d’une charge bien lourde pour les familles c’est un fait entendu par tout le monde. Pour autant, la multiplication des aides est elle une solution viable sur le long terme ? Autant on pourra toujours mettre en doute les conditions de réalisation d’une telle allocation sur le court terme, autant sur le long terme la multiplication des aides ne fait que donner l’illusion d’une augmentation du pouvoir d’achat. En effet, l’image d’un Etat maternant s’oppose directement à celle d’un Etat pensé comme un véritable partenaire économique. Tant que l’on ne s’attaquera pas au fond de la cause de la stagnation des revenus, on pourra s’échiner à multiplier les aides, cela n’aura pour résultat que de favoriser l’assistanat de la population tout en pesant sur cette dernière via la nécessaire augmentation des prélèvements en vue de financer une telle reforme. Cette dernière n’est intéressante qu’a court terme, dans des cas spécifiques si il y a source de financement.

             11-Réduire les coûts bancaires

            Les banques sont ici considérées, après les entreprises, comme les principaux boucs-emissaires, comme les responsables du surendettement de certains ménages. Le fait d’imposer une facture suite aux pénalités bancaires est une bonne idée, encore qu’il ne faudrait pas qu’a l’impératif de transparence se substitue une vraie chasse aux sorcières a l’encontre des établissements bancaires qui , rappelons le, font avant tout leur travail.

            Il est certain qu’il est nécessaire de prévenir le surendettement. N’oublions pas pour autant que si les organismes de crédits existent c’est du fait d’une réelle demande des ménages, ne sous estimons pas la responsabilité personnelle. Les salaires stagnent du fait du manque de confiance des entreprises dans l’avenir, aussi le seul recours pour certains ménages est de recourir à certains types de crédits pour obtenir certains biens de consommations tels qu’une voiture par exemple. La première cause du surendettement est le chômage. Près du tiers des dossiers traites par la banque de France sont lies à ce phénomène. Aussi, il n’y a pas de surprises. Pour lutter contre le surendettement il faut lutter contre le chômage, pour ce faire il faut créer de l’activité et il n’y en aura pas tant que l’Etat s’acharnera à s’attaquer aux entreprises.

           De la même manière on ne saurait accuser les banques de faire du profit. Il n’est pas inutile de se rappeler que le secteur bancaire représente 4,5% du PIB en France et qu’il permet près de 40 000 embauches par an même dans les secteurs dits « sensibles ». La première manière de lutter contre le surendettement outre le fait de recréer de l’activité pour donner aux ménages les moyens de consommer serait de responsabiliser les personnes et de réglementer l’accès au crédit tout en proposant des solutions adaptées a chacun, du micro crédit au crédit bancaire classique. Enfin, il conviendrait d’uniformiser les plans de désendettements à l’échelon national tout en créant un fichier interbancaire permettant de contrôler le nombre de crédit contracté par un particulier.

            12-Lutter contre le logement cher, une sécurité logement tout au long de la vie

  On continue dans la lancée avec une nouvelle augmentation d’allocation. On a déjà fait référence aux problèmes de financements de telles mesures et à l’idée que cela contribue à une croissance de l’assistanat et aussi a l’illusion d’un véritable pouvoir d’achat effectif.

            Madame Royal s’engage a faire construite 120 000 logements sociaux par an soit 600 000 sur 5 ans. N’oublions pas que l’actuel déficit de 200 000 logements sociaux en France s’explique en partie par la faible construction de ces dits logements lorsque la candidate était ministre du logement. Pour autant l’idée est là et s’avère nécessaire, soit. Quel rapport neamoins avec le livret A ? N’est-il pas paradoxal d’inciter la population à l’épargne alors que la hausse des salaires prévue plus haut doit servir à relancer la croissance par la consommation ?

Le parti socialiste s’engage dans un second temps à veiller à l’application de la loi SRU qui prévoit la construction d’un ratio minimum de logements sociaux pour toute commune de plus de 20 000 habitants. Il est bien facile de taper sur la tête des maires mais on oublie de penser aux communes qui n’ont pas les moyens financiers de construire ces logements ni à celles qui n’ont pas de terrains disponibles à cet  effet. Cela est aussi valable pour les hébergements d’urgences.

           L’accès au logement apparaît bel et bien comme une priorité dans l’action de la candidate. Pour autant, la mise en parallèle d’un service public de caution avec l’attribution d’avantages fiscaux aux propriétaires abaissants leurs loyers conduit à penser que l’Etat n’a plus qu’à payer les loyers des particuliers ! Et c’est chose faite du fait de l’augmentation des allocations. Il s’agit là d’une mise en scène de la baisse du coût du logement, l’Etat assumant cette charge sera bien obligé de la faire peser d’une autre manière via les prélèvements obligatoires.

            13-Mise en places de différents indices de prix.

            Il existe déjà de nombreux indices permettant de mesurer le pouvoir d’achat des ménages en prenant compte ou non l’inflation. Il est également possible de moduler ces indices suivants diverses variables permettant ainsi de rendre compte du niveau de vie d’un « rmiste » ou d’un « smicard ». Il existe même un institut spécialisé dans ces questions, il s’agit de l’INSEE. Belle proposition rhétorique.

            La politique de lutte contre la vie chère via la garantie par l’Etat du pouvoir d’achat des ménages s’avère n’être qu’une mise en scène de politique économique. En effet, bien qu’attrayantes de prime abord, les différentes mesures présentées ne font que s’attaquer à différents aspects isolés du problème. Le fond de la question du pouvoir d’achat et de ses ramifications dans les problèmes du logement et du surendettement tient à la faiblesse de la croissance de notre économie pénalisée par les archaïsmes de notre système d’aide sociale.

            La lutte artificielle de l’Etat contre la faiblesse du pouvoir d’achat ne peut conduire qu’a un manquement aux règles du pacte de stabilité et par conséquent à une stabilisation de l’euro. De plus on ne peut que constater l’absence de politiques d’incitation de l’Offre. A l’inverse, le PS mise sur une relance de la Demande  via la consommation de ménages par la multiplication d’allocations diverses. On ne peut donc que s’attrister du manque de confiance exprimé par madame Royal à l’ encontre entreprises mais aussi des banques.                 

       

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